"Je vise l'or en double!"


Samedi 16 Avril 2016.

Numéro un mondial, vainqueur de Grand Chelem, médaille d’or et d'argent en double, médaille de bronze aux Jeux Olympiques. Son palmarès parle pour lui et pourtant, son nom ne parle pas au grand public.

 

Rencontre avec le français Michaël Jeremiasz.

Michaël Jérémiasz
Crédit photo : Michaël Jérémiasz

Le tennis et vous c'est un longue histoire. Quand est-ce que cela a commencé?

J’ai commencé le tennis à l’âge de cinq ans quand j’étais valide car je n’ai pas toujours été en fauteuil. Mes parents m’ont fait découvrir le tennis quand j’étais petit eux même étant pratiquants, mon grand frère étant pratiquant également. J’ai fait pendant treize ans du tennis valide. Je suis monté 5/6 ce qu’est correct et je faisais aussi beaucoup de ski, mon sport préféré. J’ai découvert le tennis en fauteuil à dix-neuf ans, un an après mon accident…

 

Plus jeune, aviez-vous une idole?

Pas au début, à l’âge de cinq ans car je jouais au tennis comme j’aurai fait n’importe quel sport. Je n’avais pas une idole dans le sens propre du terme, mais mon joueur préféré, et dont j’ai été enchanté de rencontrer, c’était et c’est encore André Agassi.

 

Il y a cet accident le 7 février 2000 qui change votre vie...

Accident de ski. J’ai enchaîné les tremplins, j’étais jeune, j’étais fou… (rires) À un moment, j’ai voulu impressionner un peu mon entourage, je me suis un peu emballé et j’ai perdu le contrôle en l’air je suis allé trop vite… J’ai fait un saut de sept, huit mètres de hauteur, je me suis très très mal réceptionné et je me suis cassé les deux fémurs et la colonne vertébrale.

 

Comment se fait l'apprentissage du tennis fauteuil quand on a fait du tennis en tant que personne valide?

Y a une partie d’adaptation. On n’apprend pas tout de suite à jouer au tennis. On apprend surtout à se déplacer et à se dégager de la balle. Il faut toujours être loin de la balle et en mouvement. Être à l’arrêt en fauteuil c’est foutu ! Ensuite, il faut adapter la technique que l’on avait, ce qui est un sacré atout par rapport à ceux qui débutent car on est assez performant au début. Il faut juste contrôler et maitriser cet outil qu’est le fauteuil.

 

Champion de France de tennis fauteuil en 2001, joueur professionnel en 2004. C'est cette année là que tout commence pour vous...

Oui c’est l’année où ça commence vraiment aux moment des Jeux Olympiques à Athènes. C’est à ce moment là que commence ma carrière, c’est là où j’arrête mes études après avoir validé mon DEUG en langues étrangères appliquées. L’année qui suit je deviens numéro un mondial en simple et en double, les sponsors arrivent et puis ça fait plus de vingt ans que ça dure…

"Je vise la médaille d'or en double!"

Devenir numéro 1 mondial en simple comme en double. C'est une consécration pour vous ?

C’est la consécration ultime. Être médaillé paralympique c’est des plaisirs extra ordinaire ! Mais ce qu’on sait pertinemment que ce qu’il y a plus de valeur sportivement c’est de commencer une saison avec tout le monde sur la même ligne de départ et terminer meilleur du monde. C’est la plus haute consécration au tennis.

 

Est-ce qu’avoir une médaille d’or aux JO a une équivalence par rapport à une place de numéro un mondial ?

C’est autre chose… Quand j’étais numéro un mondial, j’étais pas du tout hystérique, j’étais super content, fier. C’est comme un accomplissement, une fierté d’avoir sur une année construit cet objectif et avoir pu l’atteindre. Pour les JO, je n’ai pas arrêté de faire la fête. Les jeux olympiques, c’est la rareté qui fait la gloire et l’intensité du moment.

 

Nous sommes dans une année olympique comme tout le monde le sait. Quel est votre objectif à ce propos pour Rio cet été? Une médaille d'or à nouveau?

Je vise la médaille d’or en double notamment. Mais ça dépendra également de mon partenaire car on ne choisit pas notre partenaire. Nous sommes trois joueurs très compétitifs, et un quatrième très légèrement en dessous. J’ambitionne donc toujours l’or en double car j’estime être encore l’un des meilleurs. Aller chercher l’or en simple ça dépendra de mes résultats dans l’été si j’arrive à me rapprocher des têtes de série. Je sais qu’au niveau je suis capable. J’ai battu encore l’année dernière presque tous les meilleurs quasiment. Mais il faut les enchainer… Mais en même temps je vais avoir trente cinq ans, j’ai eu un petit garçon y a cinq semaines donc ça change aussi la vie et les priorités.

 

Roland Garros ne va pas tarder à arriver… Toujours l’occasion pour nous de (re)découvrir le tennis fauteuil. Est-ce qu’il y a plus de monde au fil des années qui viennent vous voir ?

Plus de monde… Ça fait surtout plus de bruit. On parle de nous c'est sur! Après c’est aléatoire. Si pendant que nous sommes entrain de jouer, il y a Federer ou Djokovic qui jouent en même temps… T’a beau tout faire, les gens préfèrent voir un match Federer-Djokovic. Même si j’estime que ce que l’on fait c’est très spectaculaire, les gens préfèrent voir les stars… Mais oui, il y a beaucoup plus d’intérêt et d’entrain. Cette année, pour la troisième année, Handiamo organise pour la FFT et la FFH en partenariat avec Babolat et Adecco, la journée « Tous en Fauteuil » qui aura lieu cette année le 1e juin. L’occasion de faire découvrir le tennis en fauteuil toute la journée au public. Ça a un succès fou ! C’est pour cette raison que nous le relançons une troisième fois.

 

Michaël Jérémiasz
Crédit photo : Site Michaël Jérémiasz

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Quel message souhaitez-vous faire passer au grand public concernant la pratique du tennis fauteuil ?

Quand on est amateur de sport, il faut être curieux. Il ne faut pas avoir peur de satisfaire sa curiosité ! Quand vous avez la chance d’aller à Roland, et de voir en plus champions, des légendes et des juniors, et que vous avez du handisport, ne vous privez pas ! C’est libre d’accès. Je prends le pari que vous allez être bluffé et prendre une claque ! Venez, essayez et venez à partir du 4 juin voir ce qu’on est capable de faire !

 

Pensez-vous que le tennis en fauteuil et l’handisport en général souffre de visibilité à la télévision ?

On est moins médiatisé c’est sur ! Ce n’est pas agréable quand t’estimes que ce que tu fais c’est respectable et valorisant, oui t’a envie d’être considéré comme les autres. Après pour les JO de Rio, France Télévision va faire dix heures de direct par jour ! C’est du jamais vu. En 2004 on n’avait aucune couverture médiatique. On en a souffert, mais on en souffre de moins en moins… Après, ce n’est pas au niveau des Jeux, c’est dans l’année. Pour moi, c’est l’après Rio que l’on va voir comment les médias vont continuer à s’y intéresser.

 

À côté de cette carrière, vous êtes également un homme engagé avec l'association "Comme les autres" et l'entreprise sociale "Handiamo"…

Ça fait seize ans que je suis en fauteuil roulant. Y a un peu plus de cinq ans, mon frère et ma femme ont eu envie de créer une association pour les autres, en s’inspirant de mon parcours. On a donc créé l’association Comme les Autres qui accompagne des personnes handicapées suite à un accident de la vie dans leur parcours de reconstruction.

L’objet social d’Handiamo est de professionnaliser le handisport et ses athlètes. On accompagne également les sportifs de haut niveau dans la gestion de leur carrière. Nous organisons aussi de plus en plus d’animations co-animées par nos sportifs. 

Il va y avoir à la Fédération l'élection en février prochain pour élire le prochain président. Avez-vous un message à faire passer concernant le tennis fauteuil au sein de la Fédération?

Appelez-moi!


Michaël ne sort jamais sans... son fauteuil

Michaël aime... la vie

Michaël n'aime pas... la mort

Michaël rêve de... de ma femme et mon fils

Le temps d'une journée, Michaël se verrait bien dans la peau.. d'une rock star en tournée!





Pour en savoir plus sur l'association "Comme les autres" > Site




Pour en savoir plus sur l'entreprise sociale "Handiamo" > Site




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