Début 2017 convaincant pour Moutet

Après une saison 2016 couronnée de succès, le jeune Corentin Moutet démarre 2017 de façon encourageante.

Ici lors du Challenger de Mouilleron Le Captif en Vendée.
Ici lors du Challenger de Mouilleron Le Captif en Vendée.

La saison précédente s'est terminée de façon positive avec un total de 33 victoires pour 16 défaites. Certains verront le compteur à moitié plein ou à moitié vide en ce qui concerne la balance victoires-défaites. Toujours est-il que le français parvient à terminer ses saisons de façon positives depuis 2014. De la génération des Alex De Minaur, Stefanos Tsitsipas et Geoffrey Blancaneau, Corentin Moutet patiente dans la salle d'appels et attend son heure.

 

Lors du tournoi Challenger de Cherbourg. ©ChallengerCherbourg
Lors du tournoi Challenger de Cherbourg. ©ChallengerCherbourg

Son palmarès n'est cependant pas vide loin de là. Une finale en 2015 en Italie dans un tournoi 10.000$, finale à nouveau en mars 2016 à Toulouse perdue face à l'américain Raymond Sarmiento, et puis, son premier titre en Ukraine dans un tournoi 10.000$ sur terre battue en septembre 2016, enfin, un second à Solin en Croatie dans la foulée toujours sur terre battue. Cette année, celui qui n'est pas encore majeur - le 19 avril prochain - a remporté le tournoi en Juniors de Traralgon. Tournoi préparatoire au premier Grand Chelem de la saison à l'Australian Open. Le français s'est ailleurs incliné en demi-finale face à celui qui remportera le tournoi. C'est d'ailleurs l'histoire du français. Perdre contre ceux qui gagneront le tournoi. Du moins en Juniors, où il est actuellement Top 20 avec sa 12e place mondiale.

 

5e titre de champion de France en 17/18 ans. ©FFT
5e titre de champion de France en 17/18 ans. ©FFT

Chez les grands, les pros, Moutet ne nous rend pas indifférent. On l'aime ou on ne l'aime pas. On aime son jeu et sa façon de s'exprimer sur un court, ou on trace son chemin.

 

Avec le français vous n'êtes pas déçu du spectacle en général. Car oui, ce qu'il propose est un spectacle. Ne voyez pas cela comme si c'était une remarque assassine car c'est tout l'effet contraire qui est ici escompté. Corentin Moutet, manie la raquette de tennis comme Beethoven et Chopin composaient une partition de piano. Instrument que le français apprécie tout particulièrement si on en juge ses vidéos publiées sur les réseaux sociaux. Moutet est donc un artiste. De par son jeu tennistique de gaucher bien sur, qui est si singulier, et qui lui permet ainsi de progresser chaque année (+320 places gagnées entre 2015-2016), mais c'est aussi un artiste de part son caractère et sa personnalité (on se souvient de sa réaction bien à lui concernant les collégiens auprès des journalistes L'Équipe.) On peut difficilement lui donner tort à ce sujet...

On ne compte plus les balles qui ont pu frôler les nuages ainsi que les raquettes terminées fracassées sur le bord du court.

 

Lors de l'Australian Open Juniors - ©PatScala
Lors de l'Australian Open Juniors - ©PatScala

Bref, Corentin Moutet est un joueur de tennis que l'on qualifierait presque de normal. Un joueur qui partage ses émotions. Qu'ils soient bons ou mauvais. Ses moments de joie comme ses doutes. Au fond c'est ce qu'on attend aussi un peu d'eux en les regardant jouer... outre la performance physique et la beauté du sport en lui-même.

 

Au fil du temps, sa fébrilité mentale comme le disent si souvent les observateurs et autres spécialistes, qui pouvait être sa plus grande faiblesse, s'estompe pour laisser place à un mental bien plus solide. Le petit gamin, l'espoir, qu'il ne veut pas rester, devient peu à peu le challenger. Comme si le pianiste devenait lentement mais sûrement virtuose.

 

©FFT
©FFT

Comparé souvent à un autre joueur tricolore, en la personne de Benoit Paire, de par son comportement explosif, le récent demi-finaliste de l'Open d'Australie Juniors et récemment séparé de Thierry Tulasne semble comme son aîné, bien gérer et prendre goût à sa solitude. Il avoue de lui-même qu'être seul peut-être bénéfique. On en a vu la preuve cette semaine.

 

Engagé au Challenger de Cherbourg, le français a du passer par les qualifications pour tenter de se faire sa petite place. Ses trois matchs de qualifications dans les pattes, il voit se dresser devant lui, l'allemand Jeremy Jahn, 205e joueur mondial. Pas un cadeau pour le jeune 500e mondial. Cependant, sa bonne étoile et sa forme du moment, aidées par les errances de son adversaire lui permettent de créer un début de tournoi plus qu'encourageant. Sur sa lancée, il sort le canadien Steven Diez, 166e mondial en trois sets. Seul l'immense - par la taille seulement - Kenny De Schepper parvient à arrêter le jeune tricolore en quart de finale. La première de sa jeune carrière. Une défaite en deux sets, 7-5/6-3.

Il est des défaites qui vous en apprennent plus que des victoires. Sur son compte Twitter, il a réagit avec un cliché. On le voit le poing gauche serré comme s'il venait de remporter l'étape du jour sur son vélo d'appartement, accompagné d'une phrase. Cette phrase : "On ne perd jamais quand on apprend."

La phrase se résume à elle-même. On voit tout de suite l'état d'esprit du garçon. On est loin du joueur abattu et triste.

Le français peut serrer le poing. Aujourd'hui, le challenger en herbe a continué de marquer les esprits. Il est encore en répétitions. Le spectacle continue de se perfectionner. 

Assez loin des spotlights du circuit, derrière le rideau de la grande scène et des ovations d'un public venu en nombre l'applaudir, le jeune Moutet trace son sillon.

Seul, pour le moment, en attendant de trouver le chef d'orchestre qui saura faire de lui le virtuose.

 

Victor TABUTEAU


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